Certains d'entre vous l'auront inévitablement noté : un certain espacement dans la publication des posts... Un peu service minimum quoi ! Vous ne vous êtes pas trompés. Je suis moins présente sur ce blog depuis plusieurs semaines. Vous avez peut-être pensé que j abandonnais mon projet...
Eh bien, j'ai une tres bonne excuse figurez-vous : j ai trouve du travail.
C'est une très bonne nouvelle car je ne m'attendais pas a travailler si vite
(sic ! ) et pour être tout à fait honnête, j'aurais bien attendu 3 mois de plus
histoire de profiter du condo sans les enfants (mais chut...).
Quoiqu'il en soit, c'est une nouvelle aventure et un sujet de post tout
trouvé pour le blog !
Avant d'aller plus loin, laissez-moi vous expliquer les règles qui
s'appliquent pour toute "trailing spouse". C'est ainsi qu'on nomme
joliment le flot ininterrompu de femmes qui suivent leur conjoint expatrié.
Mossieur a été muté, il a eu une belle opportunité. Sa femme ? Elle suit. Son
mari la traîne derrière lui avec les gosses. Vous voyez l'image ? Bien sûr, il
y a quelques cas de "trailing husband" mais depuis que je suis à
Singapour, je n'ai rencontré qu'un seul couple concerné.
Donc voici à quoi, je m'étais préparée pour mon voyage Antibes-Singapura
:
Règle N° 1 : ton emploi tu quitteras
Je crois que cette première règle se passe de commentaires
Règle N° 2 : ton réseau tu développeras

Un des avantages de la trailing spouse singapourienne, c'est qu'elle n'a
pas besoin de travailler. Elle peut donc si elle veut profiter de ce temps pour
visiter la region, découvrir la culture, changer de metier, s'impliquer dans un
projet, une association. Elle peut créer sa boite, consacrer du temps aux
enfants, bref il y a autant d'options possibles que d'expatriées.
Pour celles qui veulent travailler, le véritable challenge consiste à
sortir du lot (pour rappel, il y a environ 17 000 français à Singapour), se
faire connaitre, rencontrer des gens qui connaissent des gens qui, peut-être
connaissent des gens qui ...recrutent.
Règle N° 3 : au LFS tu postuleras
Vous savez tous dejà ce que veut dire cet acronyme. Quoi d'étonnant donc à
ce que toute française débarquant à Singapour se renseigne/postule/soudoie pour
travailler au LFS. Comparés aux 14 jours de congés moyens des contrats locaux,
le LFS a de quoi séduire les mamans avec ses 70 jours de congés annuels. Comme
dit le loto 100% des gagnants ont tenté leur chance. Je préciserais que les
100% en question ont surtout développé le réseau en ciblant le LFS (cf. règle
N°2) cad en briguant un poste de délégué des parents, puis d'assistante
scolaire, puis de maîtresse remplaçante, puis de titulaire, etc...
Règle N° 4 : Linkedin tu adopteras

Dois-je le rappeler l'économie singapourienne affiche une croissance de 6% et que le taux de chômage fait rêver n'importe quel job seeker ? Dans ce contexte, il est très facile de changer d'emploi et les singapouriens le font sans hésiter. Ils changent dès qu'ils en ont l'occasion, qu'il peuvent obtenir une augmentation aussi faible soit-elle. Alors que je m'attache à finaliser mon post, Singapour vient de remporter pour la 3e fois consécutive, le palmarès de la ville la plus chère du monde. Autant dire qu'ici, le taux de connexion aux réseaux sociaux type linkedin est un des plus élevés au monde (1 habitant sur 5).
Règle N° 5 : le temps long tu trouveras
Tout le monde te le dit : ça va être long ! Le parallèle avec
l'accouchement n'est pas loin. C'est qu'il y a la compétition internationale,
des personnes qui à compétences égales parlent couramment 5 langues, celles qui
ont "fait" la Chine, la Corée et Hong Hong avant de venir a
Singapour, etc. Il y a aussi les postes inaccessibles aux
"foreigners" (c'est d'ailleurs possible de le préciser dans les
offres d'emploi) comme l'administration, les fonctions recrutement. Il y a les
postes où vous n'arriverez à rien si vous n’êtes pas chinois parce que malgré
l'anglais, la communication se fera difficilement.
Et puis, ça prend du temps de retrouver un cercle d'amis, de faire
connaissance avec les collègues français du conjoint, les familles débarquées
comme nous en juin 2015 et rencontrées via le groupe facebook Singapour nanas,
les mamans du condo autour de la piscine, les autres parents égarés dans des
fêtes d'anniversaires au milieu de 30 enfants hystériques.
Bref, une fois de plus, la vie a su déjouer toutes les probabilités et me
surprendre. Me voici donc début septembre, alors que les filles ont pris le
chemin du LFS, que j'aspire a un peu de repos, de visites en solo et de longues
séances de natation dans la piscine du condo. Un tour sur le site de la chambre
française du commerce de Singapour (puisque je vous dis qu'il y a beaucoup de
français !!) et je tombe sur une offre du consulat de France cherchant une
personne a mi-temps. La convocation par la consultante de la Chambre de
commerce tombera très vite et ma déception fut grande lorsqu'elle me dira m'avoir
convoquée pour autre chose : un poste de manager pour la filiale locale d'un
grand groupe français leader mondial dans les produits laitiers. Les boules
!!!! Oui, c'est paradoxal, je sais mais c'est le reflet exact de mes premiers
ressentis, alors plus proches du "c'est pô juste" que du "trop
de la chance".
La raison va finalement l'emporter : opportunité de m'intégrer plus vite,
d'acquérir une expérience à l'international, de pratiquer intensivement
l'anglais, d'élargir mon réseau, etc.
Plongeons nous maintenant dans la vie quotidienne d'une maman expatriée qui
travaille à Singapour. A quoi est-elle confrontée ?
1-Embaucher une nounou
Ce sujet mérite à lui seul un post. Vu l'amplitude des horaires
(40h/semaine dans le meilleur des cas), les temps de trajet, l'absence totale
de lieux d'accueil périscolaire, c'est un peu la première étape lorsqu'on
souhaite travailler à Singapour. Pour la petite histoire, la législation mise
en place pour permettre le recrutement de helpers étrangères vient de la vision
de Lee Kuan Yew, le père fondateur de Singapour qui souhaitait que la femme
singapourienne travaille. C'est donc une des premières tâches à faire pour
travailler : recruter sa nounou, le sujet de prédilection des expatriées. Comme
dirait une personne sage qui se reconnaîtra : problème de riches. Ceci dit,
avec les enfants qui sortent de l'école a 15h30 et à midi le vendredi, il faut
bien trouver une organisation. Par ailleurs, travaillant en moyenne de 8h30 a
19h, vous conviendrez que cette solution est incontournable. Judith a donc
intégré notre famille et notre chambre d'amis (oups) et nous avons rejoint la
cohorte de famille expatriées qui sont certes débarrassées des tâches ménagères
mais doivent composer avec une étrangère sous leur toit.
2-Commuter en beauté
Le choix du lieu de vie constitue l'une des décisions les plus
importantes lorsqu'on s'installe dans une nouvelle vie/ville. Si vous avez lu
mes précédents posts, vous savez que le choix de Novena tenait compte de
l'emplacement du LFS et d'Amadeus, avec à proximité une ligne de métro.
Pourquoi a-t'il fallu que Lactalis soit installé aussi loin et dans un endroit
aussi reculé ? Nous avions fait le deuil de notre petite clio en venant en
Singapour mais je ne pensais pas qu'elle me manquerait autant. Lorsqu'on prend
les transports en commun tous les jours, c'est seulement là qu'on réalise
vraiment ce que c'est que de se déplacer à Singapour. Jusque là, je me
déplaçais avec les filles, entre bus et taxi selon les contraintes. Après avoir
mis une heure porte à porte le premier jour, je me suis dit qu'il me fallait
optimiser mon temps de trajet.
Pour moi, commuter signifie prendre un bus (15 mn) + un métro (10
mn) + la navette gratuite mise à disposition par le centre d'affaires où
est installé Lactalis (5 mn). Le métro de Singapour est ultra moderne, d'une
propreté chirurgicale comparé à notre bonne vieille RATP. Le réseau de bus est
également très dense, les bus sont récents, climatisés. Les tarifs des
transports en commun sont les plus bas que j'ai jamais vu, le coût total par
jour dans mon cas étant de 4 SGD maximum (soit 2.60 Euros). Ou est le
problème me direz-vous ? Eh bien, Singapour est une ville nouvelle, construite
sur le modèle américain où le moindre déplacement implique de prendre la
voiture. Dans ce contexte, cela signifie que pour profiter pleinement des
transports en commun, je devrais prendre ma voiture pour me rendre jusqu'au
métro le plus proche. C'est ballot ! Il me serait ensuite très facile de
me rendre un peu partout dans Singapour. A l’arrivée, je devrais donc marcher
au moins 8/10 mn pour atteindre ma destination finale, ce qui relève de la
mission impossible vu la chaleur.
Même si l'efficacité légendaire des singapouriens a frappé et que de très
nombreux accès métro sont couverts, cet éloignement général rallonge
considérablement les temps de trajet.
Le trajet est entièrement couvert : protection pluie ... et chaleur. Dans les faits, très peu l'empruntent et préfèrent attendre la navette, que de se lancer dans une telle "expédition" |
Si je reprends mon trajet quotidien cela donne donc : maison/arrêt de bus 3
mn + temps attente bus 5/10 mn + bus (15 mn) + trajet bus/métro
5 mn + attente métro 2/3 mn + métro 10 mn + trajet métro/arrêt
navette 7 mn + temps attente 5mn + navette 5 mn ==> 57 mn
En commutant de la sorte, on oublie l'idée
du bouquin qu'on dévore tranquillement ou de la nuit qu'on peut prolonger un
peu au rythme lancinant du train.
Les transports sont très fréquentés mais contrairement à ce qu'on voit en
France, il y règne un calme studieux. Les singapouriens n'élèvent jamais le
ton, ne râlent pas et font systématiquement la queue pour :
- monter dans la rame
- prendre l'escalator/ l'ascenseur
- passer les tourniquets.
![]() |
En attendant le métro : l'incontournable smartphone ! |
La queue pour la navette |
Heureusement, il y a les taxis. C'est peu du luxe à certaines heures car
les taxis ont adoptés les mêmes systèmes que les compagnies aériennes avec des
peak hours pendant lesquelles, les tarifs peuvent doubler. L'avantage réside
dans le temps de trajet qui est divisé par 4 dans mon cas. Autant vous avouer
que j'ai généralisé le taxi le soir. C'est très facile, on le réserve sur son
téléphone, on le tracke si besoin, il nous cueille sur le pas de notre porte,
on paie par carte bleue, bref tout est fait pour nous faciliter la vie. Et
voilà notre maman, confortablement installée dans une Hyundai Sonata toute
neuve, qui se relaxe avant de retrouver sa petite famille. Elle peut aussi
mettre ce temps à profit pour traiter des mails, passer des coups de fils, ou
piquer un petit somme. Sauf si bien sûr, le taxi driver est enrhumé :-)
3- Les différences culturelles
Pour illustrer quelques uns de mes propos, je vous invite à découvrir les pictogrammes de Yang Liu sur le sujet.
Pour illustrer quelques uns de mes propos, je vous invite à découvrir les pictogrammes de Yang Liu sur le sujet.
- Ce qui m'a frappe en premier, c'est l'absence de bonjour/merci/au revoir. Ce genre de politesses qui sont certes un peu convenues n'existent pas dans la culture locale. On se côtoie sans forcément marquer la rencontre. On se parle si on a besoin et voilà ! Autant c est un peu choquant au départ, autant je dois reconnaître qu'on s'y fait assez vite. On gagne du temps, on va à l'essentiel même si de temps en temps, on est rattrapé par le naturel.
- La pause déjeuner : dans le prolongement du choc culturel, la pause dej vaut le détour. D'abord, on prend le temps de manger et on fait une vraie pause (plutôt 1h30). Ensuite, on ne se force pas à faire la conversation. Bien que réunis dans la même salle, il n'y a pas nécessairement de discussions. On partage notre repas mais chacun est dans sa bulle, le smartphone bien présent. Avec leurs casques, les collègues profitent pour rattraper leurs shows TV (l'équivalent de The Voice) ou leurs soaps préférés qui content au choix la vie du jeune soldat singapourien (le service militaire est obligatoire), les malheurs d'une jeune indienne contrainte au mariage forcé, ou le quotidien d'une malaise mariée à un chinois en froid avec sa belle-famille.
- Les tongs au bureau. Les singapouriennes sont plutôt coquettes, le dress-code tourne plus autour de la petite robe très ajustée avec sandales / ballerines de marque. Avec la chaleur, les vêtements sont plutôt courts bien que le haut reste globalement bien couvert (pas vraiment le délire débardeur ou décolleté plongeant). Mais une fois au bureau, elles enlèvent leurs chaussures pour d'immondes crocs ou variantes.
- Le snacking : les singapouriens sont passionnés par la bouffe. Ils adorent manger et ils grignotent toute la journée. Traditionnellement, les logements ne disposaient pas de cuisine. Seuls les riches avaient ce privilège. Les repas se prenaient donc à l'extérieur. Cette tradition est encore très présente et le petit déjeuner n'y échappe pas. Je vois mes collègues arriver avec le matin avec leurs thé chai ou leur Kopi. L'entreprise dispose même d'un budget snacking pour couvrir les achats de thé, café, jus, mais aussi cookies, fruits secs, crackers, cacahuètes, pistaches, chips, gâteaux au thé vert, desserts gélatineux non identifiés, etc...
- Je ne peux pas terminer ce post sans évoquer la climatisation. Comme partout à Singapour, elle tourne à fond et la température avoisine les 20/22° au bureau. C'est d'autant plus incompréhensible que la plupart s'habillent à l'européenne, veste, manches longues ou n'hésitent pas à enfiler un cardigan. Le singapourien craint la chaleur comme d'autres le froid. Ce constat m'a pris du temps. Avec mon expérience africaine, je ne pouvais pas conceptualiser la chose. En plus de la facture écologique, il y a un coût non négligeable pour la santé. La climatisation et la qualité de l'air sont à l'origine d'un bon nombre d'infections ORL.
Comment conclure ce post ? c'est une expérience à tout point de vue. La négociation prix en Asie mériterait un chapitre entier. Avec notre sous-traitant de Malaisie, la négociation prix n'a pas pu se faire avant 3 visites à Kuala Lumpur : réunions, déjeuners, échange de souvenirs, d'anecdotes, mais toujours pas de prix. De quoi perdre patience pour quelqu'un de mon tempérament :-). En tant que manager, j'expérimente aussi la différence culturelle dans mes échanges avec mon équipe : difficulté à dire, à demander de l'aide, à apprendre de ses erreurs. Enfin, le rythme général, les transports, la chaleur génèrent beaucoup de fatigue. Il est particulièrement important de bien se nourrir, bien dormir pour rester en forme. L'autre point important, c'est de s'évader dès que possible. Prochain post : découverte de l'Asie - La Thaïlande.
Portez-vous bien ! N'hésitez pas à faire vos commentaires en ligne, c'est plus sympa pour garder la mémoire de vos retours.